La production industrielle des années 80-90 en un mot

Publié le par Gracien M.

La gestion industrielle pendant la période 1980-1990 est non seulement un champ d'observations privilégié pour la compréhension de la théorie de la contingence structurelle (Laurence et Lorsh, 1967), mais est aussi porteuse d'une véritable révolution culturelle et technologique dans laquelle les systèmes d'information constituent un élément important dans un faisceau de causes, résumé de manière non-exhaustive ci-après.

 1.Le client (roi) redevient le principal partenaire de l'entreprise : respect des principes de conformité et d'idonéité, (Neuville, 96).

 2. Dans cette recherche de la flexibilité et de la performance, la gestion industrielle n'agit pas seule, toute l'entreprise est concernée. En particulier, les fonctions vente et achats accompagnent nécessairement cette adaptation : l'absorption des aléas ne peut s'opérer qu'au niveau d'un maillon de la chaîne de la valeur mais nécessite la mise en oeuvre d'une relation plus coopérative et partenariale que celle constatée précédemment entre ces fonctions (concept de « materials management »). C'est aussi à cette époque qu'apparaissent les « cercles productiques », ancêtres de l'ingénierie simultanée. Au cours de cette période, une nouvelle densité organisationnelle se crée à travers de nouveaux modes de coopération. Certaines grandes entreprises vont aller jusqu'à une réorganisation de leurs ateliers en centres de profit, sortant la production d'une culture en centres de coût peu dynamisante et vieille de plusieurs décennies.

 3. Non seulement on retrouve l'esprit de l'école des ressources humaines (le cercle de qualité a ressuscité l'atelier d'Hawthorne), mais on prend conscience que le capital intangible consacré à la création de connaissance et au capital humain a au-moins autant d'importance que le capital tangible lié aux investissements (aux USA. le capital intangible avait dépassé le capital tangible depuis 1973. David et Foray, 2002). Cette période est propice à de grands changements au niveau des compétences individuelles et collectives.

 4. D'une régulation de la production passive, par la mise en place d'une cascade de stocks13, on passe à une régulation active, voire pro-active, par le développement systématique de la flexibilité. L'entreprise développe sa flexibilité, selon la typologie de Tarondeau (1999), simultanément au niveau des produits, des technologies et de l'organisation en privilégiant les deux premiers modes. La valeur de la flexibilité est alors associée à une valeur d'option qui, par les possibilités de modification de choix qu'elle offre, permet de valoriser toute nouvelle information (Reix, 1997). Les chiffres observés en 1992 dans une entreprise d'engins de terrassement - un investissement technologique de 1 milliard de francs, une diminution de 60 à 20 jours des ratios d'inventaire, de 60 à 15 jours des temps de fabrication et de 18 à 4 mois de mise sur le marché d'un nouveau produit, un retour sur actifs de l'ordre de 20 %, montrent l'ampleur de l'évolution.

 5. La culture qualité cherche à s'introduire dans toute l'entreprise. De notre point de vue, on ne peut pas séparer l'évolution de la gestion industrielle du développement de la qualité. Ces deux phénomènes, dans ce contexte industriel, sont indissociables.

 6. Enfin, l'accélération générale qui résulte de cette première phase d'adaptation, ne peut être entreprise sans l'émergence parallèle, voire indépendante, des technologies de l'informatique. Les technologies de l'information ont offert à la flexibilité quatre propriétés essentielles (Reix, 1999) : la compression du temps, l'expansion de l'information stockée, la flexibilité d'usage et à un degré moindre la compression de l'espace. C'est de cette combinaison besoin-technologie qu'a pu naître une nouvelle organisation de la production plus porteuse de flexibilité. Une partie de la survie des entreprises, conditionnée par leur capacité de réactivité, dépend de leur aptitude à se saisir de l'opportunité qu'offrent les technologies émergentes de l'époque. Face à l'effervescence qui émerge à cette période, les premiers modèles de représentation et de simulation de la complexité sont développés en France (méthode Micmac de Godet, 1979; Syprecco, Lesca, 1980 ; Lesca et Spalanzani, 1984). Ces modèles cherchent, dans une structure complexe (en treillis), à évaluer les effets de résonance sur l'organisation dans son ensemble de la modification d'une ou plusieurs variables (impact de la qualité sur la performance de l'entreprise et sur la motivation…).

 Pendant la période 1980-1990, l'entreprise industrielle fait essentiellement porter ses efforts sur la performance interne de son organisation. La seconde période se consacre à une performance plus externe, centrée sur ses réseaux.

 

Publié dans Management

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M
Merci pour cet article de reference sur le management de la production
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L
Une excellente rétrospective de cette décennie.
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E
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> Cordialement
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P
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